jeudi 4 juillet 2013

KENDRAR'S : Proposition



Le vaisseau du Technoprince venait de se poser sur la terre rouge de Mars, sa navette paraissait minuscule face à l’immense porte du Tempus Oscurus de la Legio Titanium.

Eleane Meréas surplombait la scène de la salle du Conseil située cinquante mètres en aplomb de l’immense porte. L’Oscurus Portis était le symbole de la Legio. C’est par cette dernière que la Legio partait en guerre et elle était capable de laisser passer ses plus gros titans.

Vingt sept, elle n’avait que vingt sept titans, et parmi eux, seuls neuf était d’un modèle Reaver ou supérieur. Sa force était insignifiante comparée aux grandes Legio qu’étaient Mortis ou Tempestus, mais pour remédier à cela la Legio Titanium était divisée en neuf compagnies. Chaque compagnie était dirigée par un Princeps nommé Prima qui pilotait une des neuf plus grosses machine de la Legio, il avait sous ses ordres deux Warhound et une confrérie de Chevaliers de l’ordre des Chevaliers Phantom qui lui servaient d’éclaireurs, ainsi qu’une légion entière de Skitarii composée d’infanterie mécanisée, de compagnies blindées et de chars superlourds. Contrairement aux autres, la Legio Titanium avait été conçue comme une armée autonome à part entière et son déploiement n’était donc pas forcement subordonnée à la présence de véhicules superlourds de classe Titan comme c’était souvent le cas pour les autres. De même, chacune des compagnies pouvait officier de façon autonome.

Un léger code binaire émis par Lord Primus la sortit de ses songes. Elle se retourna vers son premier Skitarii et lui logua d’ouvrir les portes en retour.

Le grondement des immenses machines nécessaires à ouvrir l’Oscurus Portis firent trembler le bastion de la Legio. Elle aimait ce mélange de sensation d’invincibilité et de fierté qu’elle ressentait à chaque fois que les portes s’ouvraient grands et que Titanium partait en guerre. Un observateur extérieur devait alors avoir l’impression que les Dieux de la guerre eux même foulaient le sol de Mars.

Mais cette fois ci les lourdes portes ne firent que s’entrouvrir pour laisser son vieil ami et sa suite pénétrer dans son antre.

Quelques minutes plus tard, Mirkon Traal entra dans la salle du Conseil.

Le Technoprince était bien plus machine qu’humain. Contrairement à Lord Primus, qui était déjà particulièrement bien fourni en augmentiques en tout genre, on ne voyait plus aucune trace organique sur le premier. Engoncé dans une lourde robe rouge, on ne pouvait apercevoir du Technoadepte que trois reflets bleus sous sa capuche et une multitude de bras articulés et de mécadendrites qui partaient de son dos et semblaient se mouvoir de leur propre volonté.

La Maitresse de Titanium s’approcha et de lui.

« Bienvenue Technoprince Mirkon Traal ».

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« Bienvenue Technoprince Mirkon Traal ».

La voix humaine qui venait de prononcer ces quelques mots était celle du Premier Princeps Eleane Meréas.

< Premier Princeps > la salua-t-il, < Vu l’importance de ce dont j’ai à vous entretenir, je préférerais que nous communiquons par liaison noosphérique sécurisée >

Le joli petit visage pâle du Maître de Titanium se referma instantanément devant la solennité du code binaire qu’elle venait de recevoir.

< Je vous demande quelques secondes >

« Interfacez vous »

Seul les Princeps des plus gros titans, le Maître des Chevaliers Phantom et le premier Skitarii étaient en connexion permanente avec la noosphère, les autres n’avaient pas assez d’augmentiques et devaient s’interfacer à leurs montures ou au réseau du Tempus Oscurus pour y avoir accès.

Le Premier Princeps perçu les subtils afflux binaires des dix huit confirmations de connexion.

< Allez-y mon ami, exposez nous la raison de votre venue >

< Exposé des données :

< ???????, l’envoyé d’Horus sur Mars est venu me rencontrer après s’être assuré du soutien de Kelbor Hall à sa cause.

< Sous énoncé A : Histoire significative de Kendrar’s :

< Avez-vous entendu parler de la disparition de la XCIVème armée du Seigneur Commandeur Kendrar’s ? Extrachargement des données du Seigneur Commandeur Kendrar’s… Terminé en 0,004 ms.

< Toute son armée a disparu lors d’une translation dans l’Immaterium il y a tout juste quelques mois en ne laissant aucune trace. Cette disparition a fait grand bruit du fait du nombre de soldats que convoyait la flotte. Depuis les flottes ne Warpent plus ensemble comme une seule entité mais les différents éléments de la flotte translatent indépendamment les uns des autres selon la directive 88.46254j.kl.85f.272. Extrachargement des données concernant la directive 88.46254j.kl.85f.272… Terminé en 0,0002 ms. Cette technique est bien plus coûteuse et complexe mais bien plus sécurisante.

< Fin du sous énoncé A.

< L’armée du Seigneur Commandeur Kendrar’s n’a pas disparu comme tout le monde le croit. Elle se cache actuellement hors des frontières de l’Imperium en attendant les ordres du Maître de Guerre. Ce dernier va leur demander de prendre le sous secteur Imraïk.

< Sous énoncé B : Sous secteur Imraïk :

< Quinze systèmes solaires, quarante neuf planètes, six mondes forges, douze mondes mines, plus de six cent milliards d’êtres, le tout situé à plusieurs milliers d’années lumières de la plus proche planète de l’Imperium. Ce sous secteur entier est dirigé par une puissante caste de ce qui équivaudrait à des Technoprêtres.

< Extrachargement des données concernant le sous secteur Imraïk… Terminé en 0,008 ms.

< Fin du sous énoncé B.

< Enoncé personnel : La Technologie serait leur seule croyance, mais, à la différence du Mechanicum, un usurpateur ne s’est pas fait passer pour le Deus Machina. Ils sont donc libérés de toutes les ridicules entraves dont s’est affublé l’Adeptus Mechanicus depuis des siècles, ils n’ont pas de credo, pas de pseudo dieu ou de ridicules rites… Que la Science.

< Vous vous demandez surement pourquoi je vous raconte tout cela ? Pourquoi je n’hésite pas à vous faire part de mes plus profondes pensées, des pensées refoulées depuis tant d’années ? Je vais mettre rapidement les choses à plat, Premier Princeps, je vais faire en sorte d’éviter toute ambigüité…

< Oui je viens bel et bien de dénigrer le clergé de Mars, oui je viens bel et bien de vous dire que je ne crois pas au Deus Mechanicus, oui je viens bien de renier l’Empereur de l’humanité. Et vous pouvez dire à Lord Primus qu’il ne sert à rien de calculer des trajectoires de tir vers moi, ma navette ou même mes gens, ils ne sont pas une menace pour vous, pas plus que moi.

< Affirmation : Je ne fais que vous porter la vérité.

< Si je me confie à vous, c’est que j’ai non seulement confiance en vous, mais que je vous propose aussi d’abandonner vos terres sur Mars et de venir avec moi conquérir les étoiles… Vous couvrir de Gloire…

< Pour vous prouver ma bonne foi et ma confiance, je suis venu seul et non armé. Réfléchissez.>

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Le long monologue binaire de Mirkon Traal venait, en l’espace de quelques instants, de remettre en cause tout ce que la Legio Titanium était, tout ce qu’Eléane pensait.

Seul son fidèle Premier Skitari avait réagit de façon logique et militaire. En quelques nanosecondes, des ordres avaient étaient transmis à ses Skitarii. Elle pouvait percevoir les guerriers modifiés de sa maisonnée massés derrière la porte du conseil, prêts à intervenir au premier ordre logué. Au dessus d’eux, deux batteries de Canon à plasma venaient instantanément de s’aligner sur la minuscule navette du Technoprince qui se détachait de l’écarlate plaine Martienne devant l’Oscurus Portis. En dessous d’eux, une cinquantaine de skitarii tenaient en joue les gens de Mirkon Traal. Elle sentait tout le Tempus Oscurus gronder alors que la forteresse se mettait en état de combattre. Mais, par-dessus tout, Elle sentait le grondement des réacteurs à fusion des Titans qui s’étaient mis en mode préchauffage. Lord Primus avait vraiment tout prévu…

L’exposé du Technoprince fut, comme à son habitude, concis et très documenté, articulé de façon mécanique mais la fin du discours n’était pas de la même trempe, il était bien plus personnel, il permettait de ressentir l’exaltation, autant que faire ce peut en code binaire, de son auteur, il lui venait de ses tripes, bien qu’Eléane douta qu’il en eut encore.

D’un simple code binaire elle fit intervenir les Skitarii qui attendaient de l’autre coté de l’entrée de la salle du conseil.

< Emmenez-le, je déciderai de son sort plus tard>

Mirkon Traal ne protesta ni n’émit de log alors que ses geôliers l’emmenaient.

Une fois tout le monde sorti, elle réunit le conseil de Titanium de façon officielle. Vingt neuf personnes s’installèrent aux places qui étaient attribués à leurs fonctions depuis déjà plusieurs siècles.

< Vous avez tous entendu les dires du Technoprince Mirkon Traal. Vous le connaissez tous autant que moi, ce sont ses forges qui nous ont toujours le plus soutenu, même dans les pires moments de notre histoire. Nous sommes aujourd’hui face à un choix d’une gravité exceptionnelle. Nous pouvons sauver Titanium, ou emmener la Legio à sa perte.

< Aujourd’hui, nous tous, seigneurs de Titanium, allons débattre selon les règles séculaires de notre ordre. Puissent nos machines nous guider dans nos choix.>

Ainsi parla t elle selon le rituel d’ouverture du conseil. Elle connaissait cette phrase par cœur pour l’avoir prononcée des milliers de fois et en connaissait les conséquences. Au son de cette phrase les réacteurs à fusion des Titans vrombirent de plus belle. Les esprits des montures guideraient le choix de leurs pilotes.

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Soixante longues heures après que ne fut passé l’événement qui serait, plus tard, appelé « la chute » par les chroniques de la Legio, Eléane Méréas, Premier Princeps de la Legio Titanium, se présenta devant la cellule du Technoprince Mirkon Traal pour ne lui dire que quelques mots :

« Après décision du Conseil, nous, Legio Titanium, décidons de se mettre à votre service pour une durée indéterminée... »

« L’histoire est en route… »

La cellule électromagnétique se déverrouilla pour en libérer le prisonnier.

< Je ne vous décevrai pas, Premier Princeps. Que votre Legio soit prête demain à la première heure >

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De la salle du Conseil, Eléane fixa, les yeux vides, le Technoprince qui embarquait dans sa navette.



Elle resta là quelque temps, le regard dans le vague face à l’immense plaine rouge qui s’étendait à perte de vue à ses pieds, et qu’elle ne reverrait probablement jamais...

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